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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/124

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du vieux temps

sur tous les lieux environnants. Cette illumination miraculeuse était nommée par le peuple : le feu Saint-Michel… Dans des temps plus paisibles, on a remarqué souvent aussi, pendant la nuit, des lumières moins frappantes que celles du feu Saint-Michel, mais d’un éclat tout céleste, qui remplissaient l’intérieur du temple. Parfois, il en sortait des mélodies ravissantes[1]… » — Ces mélodies ravissantes rappellent que le Dieu de la lumière, chez les anciens, était aussi le Dieu de l’harmonie. — Remarquez encore que saint Michel s’illustra, ainsi qu’Apollon, par la défaite d’un dragon.

Au moyen âge et beaucoup plus tard, on appelait Miquelots, Michelots, Michelats, Michelets, les jeunes pèlerins qui faisaient ou qui avaient fait le voyage de Saint-Michel-sur-Mer. Rabelais, dans sa Pantagruéline prognostication, les mentionne ainsi : « Il descendra grant abundance de micquelotz des montaignes de Savoye et de Auvergne… »

Leurs troupes innombrables affluaient vers la falaise neustrienne de tous les points de la France et même des pays étrangers. Ainsi se trouvaient renouvelées ces poétiques théories ou députations de jeunes gens qui, dans la classique antiquité, accouraient, elles aussi, des contrées les plus lointaines, aux belles fêtes solaires de la Grèce[2] ; ainsi la jeunesse française marchait, par tradition, sur les traces de ces hyperboréens, ses pères, qui, au rapport d’Hérodote[3], vinrent du fond de la Gaule, en pèlerinage au temple de Délos. — «  Cette belle divinité du soleil, qui prima si longtemps en Grèce, dont elle causa, en partie, la grandeur, appartenait si bien au génie de la Gaule, que c’était à la Gaule que remontait la gloire de l’avoir donnée à la Grèce[4]. »

  1. Mlle Amélie Bosquet, d’après un manuscrit de Jean Huynes. — Voy. la p. 368 de la Normandie romanesque et merveilleuse.
  2. Hérodote, 1. VI, ch. 27.
  3. Liv. IV, ch. 35.
  4. Jean Reynaud, l’Esprit de la Gaule, p. 109 et 110.