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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/17

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préface

Au bout de peu d’instants, un étranger eût été frappé de la justesse brillante et du comique profond que révélaient ses remarques monosyllabiques. Il se fût dit qu’il y avait là une intelligence supérieure qui se trahissait malgré elle et sans se connaître.

Laisnel disparut tout à coup de notre intimité pour n’y plus reparaître. Il se maria jeune et alla habiter avec sa femme une jolie maison de campagne, où il se créa un charmant jardin, à trois lieues de chez nous. J’y allai une fois et ne lui fis pas reproche de l’insurmontable paresse qui nous privait de ses visites. Il était ainsi fait, tout déplacement, toute dérogation à ses habitudes de travail ou de costume lui était insupportable. Il lui fallait la vie qu’il avait trouvée. Philosophe pratique à l’excès, il pensait que là où l’on est bien, il n’en faut pas sortir. Il n’y avait pourtant pas lieu à l’accuser d’égoïsme, il travaillait pour nous tous.

Je savais déjà qu’il s’occupait de recherches ardues et minutieuses. Il en avait publié quelques fragments dans un journal de la localité. Il les continuait avec la patience sereine qu’il portait en toute chose. J’ignorais, à sa mort, s’il avait complété son œuvre ; peut-être même son excessive modestie l’eût-elle soustraite à la publicité. Mais voici que sa famille publie, par les soins sympathiques de M. Chaix, sous le titre de Croyances et Légendes du Centre de la France, deux beaux volumes, dont le sous-titre, Souvenirs du vieux temps, Coutumes et traditions populaires comparées à celles des peuples anciens et modernes,