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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/23

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xiv
résumé analytique

Il me semble que les défauts habituels de ces sortes de recueils sont l’incohérence, l’aridité et la trivialité de certains détails, la monotonie et le pédantisme. Dans les Souvenirs du vieux temps, tout se suit et tout intéresse. Le charme du style rend tout attrayant ; les légendes sont de petits chefs-d’œuvre ; mais je n’en suis pas encore aux légendes.

Le livre Ier, Fêtes populaires, etc., doit être celui qui a coûté à l’auteur le plus de recherches ; c’est le plus savant ; celui où les traditions d’un autre âge, se continuant à travers les siècles, sont le plus suivies dans leurs transformations. Je trouve qu’il y a quelque chose de très-élevé et de très-poétique dans l’idée qu’a eue l’auteur de nous montrer l’immobilisation des mêmes usages se perpétuant sous des noms divers à travers la longue suite des vicissitudes humaines. Tout me paraît très-profond, très-ingénieux et très-juste.

Les livres IIe et IIIe, Féeries, Diableries, etc., sont entre tous mes préférés ; il n’y a qu’à admirer. Il est impossible de trouver rien de plus charmant que les légendes et les chapitres qui les encadrent. Le style de l’auteur a la netteté, l’élégance, la fine bonhomie, la grâce, le charme, la simplicité un peu railleuse, toutes les qualités qu’on peut souhaiter et envier.

Je voudrais dire celles des légendes qui me plaisent le plus ; mais elles sont toutes si charmantes qu’on ne peut guère choisir. Pourtant, j’ai une grande prédilection pour Jean le Chanceux ; je l’ai lu deux ou trois fois ainsi que le Métayer Loup-Brou, les Deux Procureurs, l’Oiseau de la mort, le Serpent au diamant, le Devin, et cette admirable histoire du Sorcier malgré lui, qui débute par un paysage digne de Walter Scott.

Les livres IVe et Ve, Mœurs et Coutumes, etc., sont très-finement travaillés et sont destinés, je crois, à avoir un grand succès. On trouve là toutes ces coutumes gracieuses ou bizarres, toutes ces locutions naïves qui ont tant contribué au succès des romans de George Sand. On ne peut rien faire de plus complet. C’est extrêmement intéressant, et je ne trouve pas une seule objection à faire.

Livre VIe, Légendes historiques : l’étude sur Charlotte d’Albret est belle ; mais je préfère encore celle sur Catherinot. Le style est vraiment ravissant, on ne peut se lasser de le dire, et lorsque l’auteur prend la parole, ce qui lui arrive trop rarement au gré du lecteur, c’est toujours avec une bonhomie spirituelle, parfois un peu