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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/321

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souvenirs

Espagne, comme chez nous des marrons[1]. » On sait qu’un motif de gratitude semblable portait les Égyptiens, les Lotophages, à regarder le lotos comme une plante sacrée. En effet, il y a deux espèces de lotos qui toutes deux donnent de très-bons fruits : la première, le zyzyphus lotos, est une variété du jujubier. Ce lotos est fort commun dans le royaume de Tunis et principalement aux environs de la petite Syrte. Son fruit, de la grosseur d’une olive, a le goût des figues ou des dattes. L’autre lotos, le lotos égyptien, connu des botanistes sous le nom de netumbo, est un nénuphar qui ressemble beaucoup à celui de nos rivières. Ses fruits, dit encore Jules Néraud, à qui nous continuons d’emprunter ces détails, renferment une vingtaine d’amandes excellentes à manger. — On sait aussi que si les Japonais professent une sorte de culte pour l’awabi, c’est que ce coquillage fut longtemps l’unique aliment des premiers habitants de leur île. — Ce sentiment de reconnaissance se retrouve chez beaucoup de nations : ainsi, le palmier dattier, dont les poëtes arabes parlent comme d’un être animé qui fut créé par Dieu le même jour que l’homme ; le bananier (musa paradisiaca), cette plante nourricière par excellence, que certains théologiens ont placée dans le paradis terrestre pour y tenter notre première mère ; l’assouata, espèce de figuier que les Brahmanes invoquent, dans leurs prières, comme une divinité, tous ces arbres jouissent, chez les Arabes et les Indiens, d’honneurs équivalents à ceux dont jouissaient les chênes à Dodone, le palmier à Délos, l’olivier à Athènes ; et ces honneurs expriment la profonde gratitude de ces différents peuples pour les végétaux auxquels ils durent leur premier aliment. — Le respect vraiment religieux de nos paysans pour le blé et le pain du bon Dieu[2] ; la tendre

  1. Jules Néraud, la Botanique de ma fille, p. 27. — Paris. Hetzel. 1867
  2. Voy. à la table des matières, le mot : Arche.