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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/325

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souvenirs

gnures d’ongles et bouchez le trou. Le bouleau ou le tremble prendra la fièvre, et vous serez guéri. — Le mobile feuillage de ces arbres, que le moindre vent fait frissonner, a sans doute induit à penser qu’ils étaient, plus que tout autre, susceptibles de contracter la fièvre. — Les Romains avaient recours à un moyen à peu près semblable pour combattre les fièvres : — « Pour chasser la fièvre, dit Pline[1] qu’elle soit quotidienne, tierce ou quarte, on prend des rognures d’ongles aux pieds et aux mains du malade, et après les avoir pétries avec de la cire, on applique ce mélange, avant le lever du soleil, à la porte d’un voisin auquel on transmet ainsi la maladie. »

On voit que le procédé romain était moins innocent que le nôtre ; aussi Pline, après avoir rapporté cette recette, s’écrie-t-il : — « Quelle absurdité, si cette pratique est fausse ! Quel crime, si, en réalité, le mal peut se transmettre ainsi ! » — Mais, afin que le bénéfice de ce remède ne soit pas perdu pour les malades scrupuleux, le même auteur nous apprend que l’on peut déposer les rognures d’ongles aux abords d’une fourmilière : alors, on s’empare de la première fourmi qui touche à ces rognures et on l’attache au cou du fiévreux, qui ne tarde pas à guérir !!…

Enfin, vous avez encore la ressource de l’œuf, dont il est parlé à l’article Carroir[2], et, à ce propos, observez bien qu’il ne faut jamais ramasser les œufs et les baguettes de coudrier que vous pouvez trouver entre quatre chemins ; cela est malsain.

Les jetteux de sorts donnent parfois certaines maladies contre lesquelles nos médecins à diplôme n’ont pu jusqu’à présent découvrir de remède. Il en est ainsi de ces diarrhées opiniâtres que les sorciers réservent à leurs plus cruels

  1. Histoire naturelle, liv. XXVIII, ch. 23.
  2. Voy. p. 155.