Dans un dénombrement du dix-huitième siècle, qui concerne l’ancienne terre de Palluau (Indre), il est dit : — « Le seigneur de Palluau a droit de faire choisir un bœuf parmi ceux que les bouchers de cette ville sont tenus de présenter pour tuer le jeudi de devant carême prenant, lequel bœuf, qui est choisi pour le meilleur, est appelé le bœuf viellé, et duquel est dû présent honneste au seigneur comte de Palluau et à ses officiers[1]. »
Ailleurs, c’était le maire en personne qui se chargeait de désigner le bœuf villé, et l’on cite encore tous les jours le dispositif d’un arrêté formulé, en cette circonstance, par un ancien maire de Dun-le-Roy (Cher), dans les termes suivants :
« Et, attendu que la vache à notre cousin N… est la plus grasse, l’avons déclarée bœuf villé, et nous en sommes réservé les mamelles[2]. »
On connaissait très-anciennement, à la Châtre, une autre espèce de bœuf villé qui était l’occasion d’une fête moins joyeuse qu’humiliante pour les habitants de cette ville. Chaque année, le premier jeudi du mois de mai, l’échevin, le dernier entré en charge, revêtu de sa robe de soie mi-partie de vert et de rouge[3], était hissé sur un bœuf, et les notables de l’endroit, suivis du populaire, le promenaient par toute la cité, et finissaient par le conduire devant la principale entrée du château seigneurial, où, en son nom et en celui de la ville, il rendait hommage au seigneur du lieu. Cette coutume bizarre fut abolie en 1217, lors de l’affranchissement de la commune de la Châtre par Guillaume Ier de Chauvigny[4].