Aller au contenu

Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

47
du vieux temps

dans le Quercy et en beaucoup d’autres provinces, la nouvelle année s’ouvrait également ce jour-là[1].

Enfin, si nous remontons à des époques plus reculées, nous voyons que l’année sacrée des Romains commençait, ainsi que celle de notre ancienne Église, à l’équinoxe du printemps[2]. Or, cette coïncidence établie entre la saison où l’on ouvrait l’année à Rome et dans les Gaules, et l’époque où ont lieu, dans nos pays, les foires aux Vieilles et où nos enfants pourchassent et mettent en pièces la Vieille de la mi-carême, il nous devient facile de rattacher notre mystérieuse légende à une antique tradition répandue de temps immémorial chez les Romains et dont ils étaient très-embarrassés eux-mêmes de préciser le sens.

Cette tradition est celle d’Anna Perenna.

De tous les auteurs anciens, Ovide est celui qui en parle le plus longuement. Après avoir décrit la fête de cette déesse, qui avait lieu aux ides de mars et au renouvellement de l’année[3] ; après avoir raconté les nombreuses fables, toutes différentes les unes des autres, qui se débitaient alors sur le

  1. Charlemagne fit commencer l’année à Noël. Cet usage s’observa jusqu’au dixième siècle. À partir de cette époque, certaines provinces ouvrirent de nouveau l’année le 25 mars ; mais la plupart, et Paris fut de ce nombre, fixèrent le premier jour de l’an au samedi saint. Ce ne fut que bien plus tard, en 1563, qu’un édit de Charles IX décida, d’une manière définitive, que l’année commencerait au 1er janvier.
  2. On sait que, du temps de Romulus, l’année romaine était lunaire et qu’elle commençait en mars. Sous Numa, ainsi que sous César, elle s’ouvrit au solstice d’hiver, parce que l’on regardait cette époque comme la fin de la révolution du soleil ; aussi nommait-on le 25 décembre sol novus. De là, ainsi que nous l’avons dit plus haut (p. 9), le nom de Noël, que nous prononçâmes d’abord Novel, puis Nouel, comme cela a encore lieu en Berry, et enfin Noël.
  3. Idibus est Annæ festum geniale Perennae,
    Haud procul a ripis advena, Tibri, tuis…
    Neu dubites, primæ fuerint quin ante kalendæ
    Martis ; ad hæc animum signa referre potes,
    Laurea flaminibus, quæ toto perstitit anno,
    Tollitur ; et frondes sunt in honore novæ…
    Nec miht parva fides, annos hinc isse priores
    Anna quod hoc cœpta est mense Perenna coli…

    (Fastes, liv. III, v. 136, 146 et 524.)