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CHAPITRE III
LE RAMAYANA

La période qui commence aux missions d’Açoka et qui se prolonge après Kanishka dans l’ère chrétienne fut une époque de vigueur intellectuelle extraordinaire dans l’Inde. Le Brahmanisme et le Bouddhisme, tout en s’imprégnant réciproquement, luttaient par des productions littéraires. Dès que la langue sanscrite fut fixée et écrite, ils tirèrent un parti admirable de cet instrument, le meilleur de tous pour la poésie et la philosophie. En même temps que les Bouddhistes écrivaient le poème du Lalita Vistara qui est au Lotus de la bonne Loi, ce que Milton est à Pope ou à Klopstock, les Brahmes traduisaient en poèmes épiques les légendes des Pandavas et de Rama. Celles des Pandavas, à cause de leur caractère beaucoup plus passionné et guerrier que religieux se rapportent à la première période de l’âge héroïque et celle de Rama à la seconde : les premières sont par rapport à la dernière à peu près ce que sont les deux Rolands de l’Arioste par rapport à la Jérusalem délivrée. Mais, comme production littéraire dans sa forme définitive, le Ramayana a dû précéder le Mahabarata. C’est une épopée religieuse écrite pour les rois et les prêtres à la cour de quelque souverain protégeant les Brahmes, une sorte de Télémaque brahmanique dont l’objectif religieux est surtout d’établir la doctrine des Avataras. Le Mahabarata au contraire a été composé pour satisfaire l’imagination du peuple que l’on sert ordinairement après les rois[1].

  1. Le Mahabarata est quelquefois désigné sous le nom de Véda de Krishna.