Page:Lamairesse - L’Inde après le Bouddha.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 5 —

Ainsi s’étendait partout la lutte plus ou moins ouverte entre le naturalisme ou polythéisme d’une part, et de l’autre la doctrine de la délivrance, de l’affranchissement graduel des âmes individuelles et immortelles.

Le massacre des mages par Darius fils d’Hystape fut le triomphe de Zoroastre sur le Démonisme et la Magie ; mais le polythéisme grec, ennobli par l’art, résista, bien que miné par la philosophie et ne céda qu’au Christianisme. Avant de reprendre l’histoire religieuse de l’Inde, il convient d’indiquer sommairement ce que cette contrée a inspiré aux plus beaux génies de la Grèce et surtout à Pythagore qui prit le premier le titre de philosophe au lieu de sage (φιλο-σοφια ami de la connaissance) équivalent de bodhi-sattva). Si son entreprise n’avait pas été étouffée dans le sang, on aurait pu l’appeler le Bouddha grec ; son nom ressemble singulièrement à Bouddha gourou.

Né en l’an 570 avant J.-C. et probablement contemporain du Bouddha, il personnifie en Grèce les doctrines de l’Inde, fusionnées avec celles de l’Égypte, et forme par cela même trait d’union entre les Aryens de la Grèce et de l’Inde et les Sémites de l’Égypte et de l’Asie.

D’après Dollinger Pythagore emprunta la métempsycose aux mystères d’Égypte, l’astronomie à Babylone, la purification à la Perse. Il naquit d’un riche marchand en Phénicie à Sidon, alors la ville cosmopolite par excellence, il eut pour maîtres successivement Phérécide le Syrien ; le médecin Anaximandre et enfin Thalès de Milet qui l’engagea à se rendre en Égypte, pour étudier sous les prêtres de Memphis. Sur sa route, il s’arrêta au mont Carmel où il y avait un couvent d’hommes ; c’étaient les prophètes successeurs de Moïse qui prenaient le nom d’Essayius dont on a prétendu que l’origine est bouddhiste, Mr Mislin a vu des restes de ce couvent ; c’étaient des cellules disposées autour d’une cour centrale.

Pythagore resta en Égypte 22 ans à étudier les mathématiques, l'astronomie et la doctrine Secrète. (Initia). Il fut emmené captif à Babylone par un soldat de Cambyse et, selon Anquetit Dupéron, y suivit les leçons de Zoroastre qui, alors, avait un corps de prêtres à Balk. Ce récit est confirmé par Porphyre qui assure que Pythagore étudia aussi avec les Chaldéens et les Hébreux.

De retour à Samos à l’âge de 56 ans, il essaya d’ensei-