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chose présente à l’esprit, on finit par confondre les deux dans une identité ; ainsi le Yogui quand il prononce intérieurement le mot Iswâra (l’Être suprême) a son image fortement imprimée dans l’esprit.

2. Au second degré, par une application constante dans ce sens, toute distinction de forme, de temps et de lieu disparaît, et, à l’occasion on se croit être soi-même quoique ce soit, et cela dans un temps et en un lieu quelconque.

3. Au troisième degré, en associant ensemble constamment la Nature (prakriti) et l’Esprit (purusha) jusqu’à ce que l’on se figure le dernier comme existant seul dans chaque objet, on perd le sentiment de l’existence de la matière en général et de son propre corps en particulier et on est mentalement sans corps (videha).

4. Au quatrième degré, la propre existence (ahankâra), ne semble plus qu’un reflet de notre sens intérieur (manas) et l’être suprême se manifeste seul.

L’Asamprajnatâ ou second état de contemplation, se définit ainsi :

La raison (faculté de raisonner) a disparu ; elle est comme absente ou totalement éclipsée. Il y a abstention complète d’action et dépensée ; c’est le culmen ou le summum de l’abstraction mentale ; on a perdu même le » ’. conscience de l’existence individuelle et mentalement on ne fait plus qu’un avec l’Être suprême.

À la contemplation ainsi décrite Samprajnata et Asamprajnata, il y a une préparation qui consiste :

Dans le renoncement à tous intérêts mondains, aux espérances, aux désirs, à l’amour, à la haine ; par ce renoncement on surmonte les cinq obstacles au Yoga (l’Union) qui sont ; la douleur, le chagrin, la peur, la perte du souffle et l’expiration.

2° Dans le Pranayama : cet exercice consiste à concentrer le plus possible l’air dans le corps en retenant l’expiration[1] et à fixer dans le même temps la pensée sur un

  1. Les Hindous croient que l’aspiration de l’air aide à concentrer et à abstraire les pensées et à empêcher les impressions extérieures. Le Chandogya Upahischad désigne cinq sortes d’air comme des êtres divins auxquels on doit faire des offrandes. Le Hatha-Dépika dit : « Tant que l’air resté dans le