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arrêtés d’après travaux ou s’inspirant d’eux qu’il faut se référer, comme reflétant seuls fidèlement les impressions que Bouddha a laissées à ses disciples, ses préceptes et sa doctrine. Dans les écrits postérieurs surviennent : les exagérations et amplifications et le surnaturel si fort dans le goût des Hindous, l’influence consciente ou non des idées personnelles de l’auteur ; puis celle des milieux ambiants et des idées régnantes, fort différentes de l’esprit primitif du Bouddhisme ; ces défauts s’accentuent davantage à mesure qu’on avance dans l’ère bouddhique.

Peu de croyances reposent sur un aussi petit nombre de dogmes et imposent au sens commun aussi peu de sacrifices que l’enseignement primitif de Bouddha, le principe du mérite et du démérite attaché aux actes est une idée commune et, même encore aujourd’hui populaire sous cette forme : « une bonne action porte bonheur, une mauvaise, malheur ». La conception de Bouddhas ou de sages extraordinaires venant successivement apporter aux hommes la lumière et le salut a beaucoup de grandeur et de pureté, surtout si on la compare à celle des Avataras ou Incarnations de Vichnou —. Socrate a dit que la vérité doit être figurée par une statue enveloppée de voiles que les grands sages, les Instituteurs du genre humain viennent successivement arracher. L’idée des prophètes successifs que l’on trouve dans le Judaïsme et l’Islamisme est à peu près la même.

Gautama avait promis à plusieurs de ses convertis qu’ils deviendraient un jour des Bouddhas accomplis ; il n’est pas rare dans les écrits bouddhiques de voir des religieux qui font le sacrifice de leur vie dans l’espoir de devenir des Bouddhas. Cette aspiration est la source d’une dévotion désintéressée, faite de compassion et de charité. Beaucoup de ces dévots devant devenir des Bouddhas, il leur fallait une situation exspectante. De là l’invention des Pratyéka Bouddhas (limités) et des Bodhi Sattvas, puis du Maitreya Bouddha, des Bagavat et des Tatagathas.

Les Bodhi-Sattvas possèdent l’essence de la Bodhis, c’est-à-dire l’intelligence et la nature d’un Bouddha. Pour, les Brahmanes, la Bodhi signifiait la connaissance parfaite et l’acte de tenir l’esprit éveillé pour la connaissance.

Le Thatagata est à la fois Bouddha (éclairé) et Baghavat (magnanime), génie sans bornes et bonté infinie. Il ne peut exister qu’un Thatagata à la fois dans un même monde.