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blent à ceux de cet oiseau auxquels ne ressemblent ceux d’aucun homme.

Ayant fait vérifier le fait, le roi de la terre donna à son fils le nom de Kunala ; sous ce nom le prince qui avait toutes les vertus des Ariahs devint célèbre dans le monde.

Le président de l’Assemblée des Parfaits, qui possédait les 5 connaissances surnaturelles, vit que Kunala perdrait les yeux et il lui dit :

« Réfléchis, ô, prince, que l’œil est périssable, qu’il est la source de mille maux que, pour s’y trop attacher beaucoup tombent dans le malheur. »

Kunala se mit à méditer sur cette maxime, en écartant toute autre idée.

Il se retira dans un bosquet solitaire du Jardin Royal formant un réduit délicieux et presque impénétrable, qu’il avait pris depuis longtemps en affection et où l’on ne venait jamais le troubler.

Un jour Tichya Rachita, la première épouse d’Açoka, dans toute la fleur de la jeunesse et de la beauté, y entra comme par hasard. Depuis longtemps elle était éprise de Kunala, le plus beau et le plus vanté des hommes. Kunala se prosterna et lui dit : Ô ma mère, qui avez obtenu ce titre par vos perfections et vos austérités, je vous salue et me prosterne à vos pieds couleur de rose de Nénuphar.

Tichya Rachita. Pourquoi m’appelles-tu ta mère ? T’ai-je jamais porté dans mon sein ? T’ai-je mis au monde avec joie ? N’est-ce pas plutôt Padvamani, ce joli coucou des bois sacrés qui t’a enfanté avec bonheur ?

Kunala. Vous êtes pour moi, ô ma mère, plus qu’une mère qui me porta avec bonheur et qui tressaillit de joie en me voyant naître.

T. Convient-il que tu m’appelles ta propre mère ? Je te possède enfin comme un trésor difficile à trouver sur cette terre ; quel bonheur pour moi de voir s’accomplir ce qui était depuis longtemps l’objet de mes vœux, le sujet de mes langueurs, de mes troubles mortels ! Pourquoi restes-tu prosterné ? Viens reposer avec moi sur ce lit de fleurs. Puis le serrant entre ses bras et l’attirant elle lui dit :

À la vue de ton regard charmant, de ton beau corps, de tes beaux yeux superbes, tout mon corps brûle comme la paille que dévore l’incendie. Je veux m’unir et m’endormir avec toi, comme Vichnou avec la belle Latchoumi