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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/158

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gaard et Fossum sont du même avis, Leif et Karlsefni n’ont pas découvert la même contrée, mais ils ne diffèrent que dans la localisation des points atteints. Hovgaard place le Vinland et le Hóp à des latitudes éloignées entre elles, sur la côte est de l’Amérique, tandis que Fossum place le Hóp de Karlsefni sur cette côte et le Vinland de Leif sur le Saint-Laurent presqu’à la même hauteur, ce qui s’accorde avec les conditions climatiques des Sagas.

Le manque de précision, qui marque malgré tout les directions, peut expliquer cette différence de solutions sans rien enlever à la valeur de la thèse commune suivie par ces deux auteurs.

Steensby n’a vu qu’une partie du problème, mais son étude est assez suggestive puisqu’elle l’a amené à placer le Hóp dans cette vallée du Saint-Laurent où Fossum place le Vinland de Leif. Il semble, après avoir entrevu la même solution, avoir été entraîné vers cette interprétation pour avoir peut-être trop négligé certaines indications dans les directions des itinéraires. Les thèses de ce deuxième groupe présentent ce côté satisfaisant qu’en aucun cas, elles ne sont en opposition avec aucun texte et que les événements s’y déroulent facilement et normalement. Bien que sensiblement éloignées de la tradition des premiers auteurs, je les estime plus proches de la solution. Nous avons vu déjà qu’elles sont plus adaptables aux conditions maritimes et topographiques. Elles peuvent d’autre part être basées sur un fait d’ordre trop humain pour ne pas être vraisemblable.

Deux membres de la famille d’Eirik, Thorvald et Freydis, semblent être parvenus à retrouver sans peine un seul et même endroit, la plage où Leif, à la suite de renseignements de Bjarni, avait trouvé la terre promise et élevé des huttes. Karlsefni au contraire, qui n’est qu’un étranger pour la susdite famille, un voyageur islandais de passage, ne parvient pas à l’atteindre.

On sait que dès la plus haute antiquité, les peuples navigateurs montaient bonne garde autour des terres lointaines qu’ils avaient découvertes et qu’ils exploitaient à leur profit exclusif.