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Page:Langlois - Rig Véda.djvu/451

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[Lect. V.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SIXIÈME.

4. Honore, comme il le désire, Indra, seigneur des Vaches (divines), fils de la Piété, maître de la vertu.

5. Que les rouges coursiers s’élancent sur le gazon où nous chantons nos hymnes.

6. En l’honneur d’Indra, que les vaches (de la libation) donnent leur lait, aussi doux que le miel. Qu’(Indra) daigne s’en approcher.

7. Quand j’introduis Indra dans le brillant séjour du grand (Agni[1],) en buvant le doux (soma), partageons, dans la demeure de notre ami, (le siége composé de) vingt et une (tiges de cousa)[2].

8. Priyamédhas, chantez, célébrez (Indra). Louez, enfants, ce (dieu) vaillant. Regardez-le comme votre forteresse.

9. Cependant le tambour[3] résonne (dans l’air) ; et, contre la peau qui défend le bras, la corde (de l’arc) a rejailli avec bruit. Que le Sacrifice se lève pour Indra.

10. Les Libations arrivent et contiennent encore leurs ondes pures. Prenez un torrent de soma pour l’offrir à Indra.

11. Qu’Indra boive avec Agni ; que tous les dieux se livrent à la joie. Que Varouna habite en ces lieux. Que les Ondes l’arrosent, et soient pour lui ce que les vaches sont pour leur veau.

12. Bienheureux est Varouna, par le gosier duquel passent les sept torrents (de libation)[4], comme par un canal bien percé.

13. Indra en faveur de son serviteur dirige son magnifique attelage, et, mesurant ses bienfaits avec sagesse, il délivre et amène le nuage (fécond).

14. Sacra triomphe de tous ses ennemis. Que ce (dieu) aimable, (touché) de nos chants, fende (la nue), et du haut (du ciel nous envoie) une nourriture abondante.

15. Tel qu’un jeune fils de famille porté sur un char nouveau, qu’il (aille frapper) le grand et merveilleux cerf (de la plaine céleste), et qu’il prépare pour son père et sa mère[5] un (précieux) aliment.

16. (Dieu) à la belle figure, maître de la maison, monte sur ton char d’or. Que je me place avec toi sur ce (char) brillant, rapide, fortuné, magnifique, porté sur mille roues.

17. Les (prêtresse avec leurs offrandes honorent ce (dieu) resplendissant, et l’engagent à répandre dans sa marche ses riches présents.

18. Pour honorer les (dieux), les Pryamédas (se tiennent) dans la demeure du (maître) antique. Assis sur un pur gazon, chargés des mets qu’ils ont préparés, ils présentent l’offrande du matin.


HYMNE III.
À Indra, par Pourouhanman.
(Mètres : Ouchnih et Vrihatî.)

1. Je chante le roi des hommes, l’intrépide conducteur de char, le superbe destructeur de toutes les armées, le vainqueur de Vritra.

2. Pourouhanman, célèbre cet Indra dont la protection nous fait sentir le double effet (de la terreur et de l’amour). Dans sa main brille la foudre, comme le soleil au ciel.

3. Personne ne peut l’emporter sur le (mortel) qui par ses sacrifices, honore Indra toujours magnifique, brillant, invincible, adorable.

4. (Indra) est terrible dans les combats, ferme et triomphant. À peine est-il né, et déjà il contient tous les cieux, toutes les terres, et ces grandes vaches à la marche rapide.

5. Quand ta grandeur est parfaite, le Ciel et la Terre, seraient-ils au nombre de cent, seraient-ils même accompagnés de mille soleils, ô (Dieu) armé de la foudre, ne sauraient jamais t’égaler.

6. Tout ce qui est fort, ô (Dieu) fécond et puissant, est plein de ta force suprême. Maghavan armé de la foudre, sauve-nous par tous tes se-

  1. Suivant le commentateur, il faudrait dire le soleil.
  2. Après avoir substitué l’idée de soleil à l’idée d’Agni, le commentateur cherche à se rendre compte du nombre 21, et il fait parcourir à ses personnages 21 stations d’Aditya, qui sont les 12 mois, les 6 saisons et les 3 mondes. Le lecteur jugera si j’ai eu raison de chercher un autre sens. Il se rappellera ce que nous avons pu dire ailleurs sur ce nombre sacré 21, ou 3 fois 7. On compte sur le bûcher vingt et un morceaux de bois ; on forme le siége du prêtre de vingt et une tiges de cousa. Nous avons vu, sect. III, lect. iv, hym. viii, st. 16 et page 387, col. 1, note 1, qu’il pouvait y avoir 21 mesures poétiques. Nous avons, sect. V, lect. ii, hym. xvii st. 11, un passage où Indra tue 21 Asouras. Nous avons pensé que par ce nombre 21 on honorait les 7 rayons d’Agni multipliés par le nombre 3. Au reste, je citerai ici une traduction de Colebrooke sur l’emploi du nombre 7 : « Sept sont tes aliments, sept tes langues, sept les sages sacrés, sept tes demeures chéries. Par sept manières, sept sacrificateurs t’honorent. » Colebrooke pense (tome I, page 190) que les noms des sept mondes trois fois répétés sont représentés par les vingt et un morceaux de bois.
  3. Ce tambour s’appelle gargara. Je pense que l’auteur fait allusion au bruit des nuages.
  4. Le commentateur suppose que ce sont les sept rivières, telles que le Gange, etc.
  5. Probablement le ciel et la terre.