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[Lect. V.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

reusement placé près de nous, cet agent de toutes les œuvres saintes.

9. Puissions-nous, par toi, devenir célèbres ! puissions-nous obtenir l’opulence et le bonheur !

10. Les hommes te vénèrent avec empressement ; qu’ils reçoivent de toi la richesse, comme (on reçoit) l’héritage d’un vieux père !

11. Mais, dans les combats, brille (et deviens redoutable) autant que l’usurier avide, que l’archer courageux, que le guerrier terrible qui conduit un char[1] !…


HYMNE X.

À Agni, par Parasara.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Tendrement attachées à un (dieu) qui les paye d’une égale tendresse, de pieuses sœurs[2], habitantes d’un même séjour, vénèrent (Agni) comme des épouses vénèrent un époux adoré : de même les vaches (lumineuses) rendent hommage à l’Aurore, qui, (par degré) sombre et rougeâtre, se pare à son lever des couleurs les plus variées.

2. Nos pères, les Angiras, ont, par leurs chants et par l’harmonie de leurs hymnes, brisé la force du vorace (Asoura) ; ils nous ont découvert les voies du vaste ciel ; nous leur devons le jour, la lumière, le feu, les vaches célestes[3].

3. Ils ont recueilli le brillant (Agni) ; ils ont amassé pour lui un trésor d’offrandes. Puis, chargées de diverses parties de l’œuvre sainte, de vénérables sœurs[4], attentives, modestes, sont venues, en présence des Dévas, accroître par leurs hommages la force du nouveau-né.

4. Aussitôt que le souffle de Mâtariswan a excité (Agni), dans tous les foyers (le dieu) s’élève et brille. (Le prêtre), suivant l’exemple de Bhrigou[5], et agissant (avec les dieux) comme un prince à l’égard d’un prince plus puissant, engage Agni à lui servir de messager.

5. Quand (le prêtre) verse le liquide (consacré) en l’honneur de celui qui est grand, secourable et brillant, alors l’ennemi (du jour), qui le voit, s’enfuit ; aussitôt le dieu, comme un archer, superbe, lui décoche une flèche étincelante, et lance sa lumière jusque sur (l’Aurore) sa fille.

6. Agni, toi qui brilles entre le ciel et la terre[6], augmente la fortune de celui qui, chaque jour, allume ton brasier et t’offre les libations que tu aimes, il est sûr du triomphe, celui dont tu montes le char et dont tu presses (les coursiers).

7. Toutes les offrandes vont à Agni, comme les sept[7] fleuves à l’Océan. Nos familles sentent l’indigence qui les presse. Par ta sage entremise, que notre vœu soit connu des dieux.

8. La force que nos offrandes ont donnée à ce (dieu) roi des hommes, produit une pure semence (de lumière) jetée au sein du ciel. Qu’ainsi soit engendré et sacré par Agni un prince royal, fort, irréprochable et généreux[8] !

9. Le soleil, qui, rapide comme la pensée[9], traverse toujours seul les routes (célestes), est le maître de la richesse ; Mitra et Varouna, ces deux rois aux belles mains[10] gardent la douce ambroisie des vaches (célestes).

10. Agni, ne brise pas le traité d’amitié conclu avec nos pères. Tu connais (nos besoins), car tu es sage. La vieillesse est comme un nuage qui pèse sur moi et défigure mon corps. Préviens cette ennemie, et souviens-toi de moi.


HYMNE XI.

À Agni, par Parasara.

(Mètre : Trichtoubh.)

1 . « (Poëte), commence un hymne en l’honneur d’un (dieu) sage et éternel. Agni tient dans sa main tous les biens qui conviennent à l’homme. Agni est le maître de la richesse et l’auteur d’œuvres immortelles. »

2. (Agni), tel qu’un nourrisson chéri, était près de nous[11]. Cependant tous les Dévas[12] le cher-

  1. Il paraît que cet hymne n’est pas achevé : il manque un vers.
  2. Il est ici question des Prières, peut-être de ces Ritchas, filles d’Angiras. Ces Ritchas doivent être les prières composées par Angiras, et, par conséquent, le poëte pourrait les appeler les sœurs des descendants de ce même Angiras.
  3. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  4. Les sœurs, dont cette strophe fait mention, me semblent représenter les diverses espèces d’offrandes. J’avoue que le sens de ce vers, considéré matériellement, pourrait se rapporter aux parentes du père de famille, chargées de pourvoir aux besoins du sacrifice.
  5. Voy. page 78, col. 2, note 6.
  6. Ces mots sont la traduction de l’épithète dwibarhâh, qui s’entend d’une chose placée entre deux objets, utrimque stipatus. On l’emploie de même pour Indra ou pour l’air, placés entre le ciel et la terre.
  7. Voy. page 51, col. 1, note 3.
  8. Le lecteur a compris que ce prince, né de la semence d’Agni, c’est le soleil.
  9. Le soleil, dit-on, en un demi-clin d’œil, parcourt 2,202 yodjanas (page 72, col. 1, note 4.)
  10. C’est-à-dire aux beaux rayons.
  11. Hors du sacrifice, Agni est caché dans l’aranî.
  12. Sans doute les Angirasas.