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Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/141

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Quant aux autres meubles, les pauvres n’en ont aucun ; les gens du peuple ont un bâton transversal sur lequel est suspendu un habit de rechange ; les individus à leur aise ont quelques corbeilles hissées sur des barres de bois ou pendues au toit ; chez les riches on trouve des malles assez grossières ; les lettrés, les marchands sont assis près d’une petite caisse qui contient l’encrier, les pinceaux et un rouleau de papier. Les jeunes dames ont une petite malle noire garnie de deux jupes, l’une rouge et l’autre bleue, l’indispensable présent de noces. Enfin, chez les grands fonctionnaires et dans les maisons de la haute noblesse, on rencontre quelques livres chinois et des armoires vernissées de modestes dimensions.

« Maintenant, comment serez-vous habillé ? J’ai déjà parlé des sandales de paille : je n’essayerai pas de vous les décrire ; il faut les voir pour s’en faire une idée. C’est la chaussure ordinaire du pays, surtout dans les voyages. La semelle, tressée en paille de riz, protège un peu la plante du pied contre les cailloux ; mais c’est là sa seule utilité. Aussi n’est-ce pas une petite mortification, dans les rigoureux hivers de Corée, de marcher avec des savates, les pieds dans la neige ou dans une boue glaciale. Pendant l’été, le seul inconvénient est de prendre quelquefois des bains de pieds ; mais lorsque l’eau n’est pas à craindre, votre chaussure a l’avantage d’être moins chaude que nos souliers. Avec ces sandales vous pouvez faire jusqu’à dix lieues de suite, quelquefois beaucoup moins. Il faut donc à chaque moment les renouveler ; toutefois, on le peut sans beaucoup de frais, car leur prix varie de trois à huit sapèques (deux sapèques et demie valent un sou de France). D’autres sandales un peu plus belles et plus chères, de même forme, sont confectionnées avec du chanvre ou avec l’écorce de l’arbrisseau morus papyrifera ; mais ces dernières se perdent au moindre contact de l’eau. Il y a aussi des souliers en cuir assez bizarres, vilains et incommodes ; mais, outre que les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de la population ne peuvent pas se permettre un pareil luxe, cette chaussure est bonne tout au plus pour circuler dans la maison ; nul n’oserait se mettre en route les pieds chargés de pareilles entraves.