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Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/171

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point pour proclamer publiquement la nécessité de devenir chrétien.

Amené devant le tribunal, on le somme de renoncer à ses coupables erreurs ; on lui applique même la torture, et il est frappé cruellement. Mais rien n’ébranle le courageux Thomas. Soutenu par la grâce, il résiste à toutes les sollicitations aussi bien qu’aux mauvais traitements des bourreaux. Dans le même temps, Francois-Xavier Kouen apprend ce qui se passe ; il accourt au prétoire avec d’autres chrétiens et prend hautement la défense du pauvre néophyte :

« Quel est donc le crime de cet homme ? s’écrie-t-il en s’adressant aux juges ? Est-ce parce qu’il est chrétien que vous l’avez ainsi traité ? Dans ce cas, nous aussi, nous méritons les mêmes châtiments, car nous sommes chrétiens comme lui. »

Le juge sut cependant se contenir ; il recula devant François-Xavier Kouen et ses puissants amis. Mais, au fond du cœur, il leur voua une haine implacable. Thomas, roué de coups, fut envoyé en exil, où il succomba bientôt à ses blessures. Telle fut la fin de ce vaillant chrétien, premier anneau de cette longue chaîne de martyrs qui devait unir d’une manière impérissable l’Église naissante de Corée à la mère spirituelle de tous les chrétiens, la sainte Église catholique !

La fin cruelle de Thomas produisit jusqu’à un certain point effet que se proposait le ministre et glaça d’effroi les cœurs faibles. Habitués à regarder les ordonnances royales comme des oracles, les Coréens ne purent s’empêcher, sinon d’approuver la conduite du ministre, du moins d’en redouter la colère. Les parents et les amis des nouveaux chrétiens, par un sentiment d’affection naturelle, s’efforcèrent par les prières et par les menaces de les retirer d’erreurs si fatales et si pleines de périls pour les personnes. Si alors la petite Église de Corée put être fière du courage d’un certain nombre de ses enfants, elle eut malheureusement aussi à déplorer bien des faiblesses et même de scandaleuses défections.

Jusqu’à ce temps, Piek-i et Seng-houn-i avaient travaillé tous deux avec beaucoup de zèle pour la propagation de la