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gouvernements, puisqu’elle avait fait la guerre à la Corée ; qu’elle devait auparavant donner satisfaction pour la prise de Kang-hoa. Cette raison ne semblant pas suffisante, les plénipotentiaires coréens motivaient leur refus sur l’intention qu’ils attribuaient à la France de vouloir favoriser surtout les missionnaires.

Mais le Ma-tao-tay répondit aux Coréens :

« Vous avez tort de faire exception pour la France ; c’est une puissance aussi respectable que les autres. Les Américains, avec qui vous avez traité, ont rejeté toute clause contraire à la religion ; aucune puissance ne l’acceptera, et encore moins la France. Pourquoi vouloir la lui imposer ? »

L’à-propos de ces remarques étouffa immédiatement une discussion qui aurait pu entraver les négociations. M. Dillon revint en Chine avec une dépêche officielle par laquelle le gouvernement coréen promettait de faire un traité avec le gouvernement français. Ce traité fut en effet signé en 1886, et ratifié en 1887.

Après bien des efforts, notre plénipotentiaire, M. Cogordan, sans obtenir que la présence des missionnaires et leurs prédications fussent explicitement autorisées, réussit à faire insérer une clause que personne n’avait pu arracher à l’obstination jalouse des Coréens. Dans l’article IV de la convention, il fut stipulé que les Français résidant en Corée pourraient professer leur religion. On introduisit également dans le traité une disposition permettant à tout sujet français de circuler à l’intérieur du pays, moyennant un passeport, pour y étudier ou y professer la langue écrite ou parlée, les sciences, les lettres ou les arts.