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fables

 Qu’on peut dire insensée
 Quand elle vient d’un carcajou,
Et croyant qu’un haut fait ne sera qu’un joujou
 Pour sa riche nature,
 Il part à l’aventure.

 Il n’était pas très loin encor
Quand, dans une rivière assez bien encaissée,
 Il voit un habile castor
 Qui bâtissait une chaussée.

 — Voilà, se dit-il en émoi,
Un travail qui serait assez digne de moi ;
Mais je puis faire mieux : j’ai plus grande stature
Et j’ai meilleures dents, pour couper un sapin,
 Que ce petit rapin
 De l’architecture.
Commençons donc notre œuvre ; immortalisons-nous,
 Et rendons jaloux
Les hommes orgueilleux dont les longues annales
Ne racontent toujours que des choses banales  !

À peine finit-il ce vaniteux propos
Qu’il se mit à ronger un arbre des plus gros,
Mais il n’en avait pas coupé toute l’écorce,