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fables

 — L’on ne vit que d’hier ;
 Il faut savoir attendre
 Si l’on veut tout entendre.

— Attends, c’est ton affaire, et comprends si tu peux ;
Pour moi je n’aime pas — mes paroles sont franches, —
Toutes ces gouttes d’eau qui tombent sur mes branches,
Et pour m’en délivrer je fais ce que je veux.

En hiver le doux temps n’est que d’une journée.
L’orage passa vite et le ciel devint clair ;
La course du ruisseau fut encore enchaînée
Et nul vol ne brava la froidure de l’air.
 Alors l’un des arbustes, —
Celui qui n’avait pas, en parlant avec fiel,
 Secoué l’eau du ciel,
 Et dit des paroles injustes —
L’un des arbustes vit, sur ses rameaux charmants,
 Des flots de diamants,
 Des guirlandes étranges,
 Des perles et des franges ;
Mais l’autre s’inclina de honte et de regret,
 Car sur ses branches dénudées
Il n’avait pas voulu, prenant un ton aigret,
 Supporter les ondées,