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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/110

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l’affaire sougraine

de famille qui règne depuis bientôt cinquante ans sur un grand peuple, dût sentir ses entrailles palpiter. Au lieutenant-gouverneur, un flatteur dit avec emphase le contraire de sa pensée ; au gouvernement, le ministre répondit avec verve et s’enfonça jusqu’au cou dans une nouvelle théorie sur l’économie ; à l’hôte distingué, tous les estomacs remplis voulurent témoigner leur reconnaissance ; à la presse qui éclaire le monde, on prôna longuement le bien qu’elle produit, on n’eut pas le temps de signaler le mal. C’eut été trop long, du reste. L’un des journalistes les plus enthousiasmés parla de son indépendance en termes magnifiques, et, quand il eut fini, il entra en négociation avec le ministre au sujet de la vente de ses principes… Aux dames, on dit tout le bien qu’on n’en pensait point ; aux indiens, Metsalabanlé adressa quelques mots de remercîment à monsieur D’Aucheron, puis exprima l’espoir que sa tribu dispersée pourrait, grâce au gouvernement, se réunir de nouveau.