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l’affaire sougraine

Son mari vint à elle. Léontine courut chercher des sels. Après un instant de trouble le calme, se rétablit. Elle reprenait ses sens. Cependant ses yeux hagards avaient d’étranges fixités. On eut dit qu’ils regardaient loin, loin.

— Courage, madame, ça ne sera rien, lui assurait-on. Vous êtes vraiment trop sensible.

— Me voilà remise et j’espère que mes nerfs ne me joueront plus de ces vilains tour, dit-elle en essayant de sourire.

La Longue chevelure reprit :

— Je regrette d’être la cause de cette pénible émotion, madame, mais ne prenez point d’inquiétude, les pauvres créatures que poursuivait le fléau n’ont pas été perdues. Il était temps cependant. La femme — il y avait un homme et une femme — la femme gisait paralysée par la frayeur sur le sol brûlant. C’était une jeune fille blanche enlevée à sa famille sans doute. L’homme appartenait à quelque tribu du Canada. Il était Abénaqui, je crois.

— Il y a vingt-trois ans de cela ? demanda l’un des convives ?

— Il y a vingt-trois ans, répondit le sioux.

— C’était peut être Sougraine avec la petite