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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/129

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l’affaire sougraine

— Il serait vraiment regrettable de voir disparaître une des étoiles qui rayonnent sur notre ville.

— Étoile, comète ou planète, elle disparaîtrait bien sûr.

— Je ne puis, cependant, malgré l’extrême envie que j’en aie, vous accorder madame, tout de suite du moins, ce que vous me demandez. La chose est grave. Je m’en occuperai.

— Sérieusement ? Vous ne l’oublierez pas ?

— Comment l’oublier puisqu’il faudrait vous oublier en même temps ?

— Que je serais heureuse !

— D’être oubliée ?

— Non, que mon mari ne le fut pas.

Le reste de la nuit s’écoula rapidement, et quand les premières lueurs de l’aube, perçant les vitres des fenêtres, vinrent colorer d’un doux éclat les grands rideaux de damas, la dernière danse déroula ses gracieuses figures et l’orchestre laissa mourir ses accords. La fatigue commençait à éteindre le feu des regards et la pâleur succédait aux teintes roses sur les frais visages de la jeunesse.