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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/168

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l’affaire sougraine

— Il faut pourtant, ma fille, que ce mariage se fasse, oui, il le faut…

— Mais ! je ne l’aime point moi, cet homme.

— L’amour ! une belle folie de jeunesse… On se marie pour s’établir, pour avoir une position… C’est ton bonheur que je veux ; tu le verras plus tard.

— Laissez-moi donc le chercher où mon cœur espère le trouver.

— Je t’en supplie, Léontine, obéis, fais le sacrifice de ta volonté et le bon Dieu te bénira ; oui, mon enfant, il te bénira.

En parlant ainsi madame D’Aucheron entourait de ses bras le cou de sa fille et déposait un baiser sur son front pur.

— Pauvre enfant, continua-t-elle, tu serais bien récompensée de ton dévouement, va ! tu sais : Père et mère tu honoreras afin de vivre longuement…

Léontine se sentait envahir par une poignante amertume. Les rêves d’or qu’elle venait de faire avec son cher Rodolphe, elle les voyait s’en aller comme la fumée sous le souffle de la tempête. Elle n’osait croire que l’ambition seule put donner à sa mère une pareille ténacité. Elle devinait un