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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/175

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l’affaire sougraine

aussi bon dîner. Ils riaient, pleuraient, chantaient tour à tour ou à la fois, comme dans une orgie. L’orgie de la charité et de l’amour de Dieu. Quand ils eurent fini leur agape, Léontine les fit monter au salon, se mit au piano et trouva, pour les réjouir, des harmonies d’une suavité toute nouvelle, des chants d’une incomparable douceur. Elle était inspirée par sa profonde douleur et sa foi naïve. Les six pauvres qui l’entendaient croyaient voir la porte du paradis s’ouvrir et des vagues de mélodies célestes se précipiter vers eux.

Le professeur, monsieur et madame D’Aucheron vinrent aussi dans le salon pour être témoins des émotions de ces gens misérables à qui les délices de la terre étaient refusées.

Marie, la vieille femme, pleurait beaucoup.

— Je n’ai jamais rien entendu de si beau, disait-elle en branlant la tête, non jamais ! que c’est donc beau, le ciel, puisque c’est encore plus beau que cela !

Sa voix chevrotante fit tressaillir madame D’Aucheron qui pensa :

— Je l’ai entendue quelque part.

Elle cherchait dans ses souvenirs.

— Venez souvent, fit mademoiselle D’Auche-