Aller au contenu

Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
l’affaire sougraine

bêtes fauves, répondit le vieillard, qui nous poussent sans cesse au fond des bois, s’emparent de nos forêts, de nos montagnes, et nous laissent mourir de faim sur nos rochers.

Leroyer entra dans son wigwam, et quand les fugitifs furent remis de leurs fatigues et de leur terreur il les interrogea.

— Cette jeune personne est-elle ta femme ? demanda-t-il à l’Abénaquis.

— Oui, elle est ma femme, répondit Sougraine.

— Elle est bien jeune.

— Oui, c’est vrai, mais elle est ma femme.

— D’où venez-vous ? où vous êtes-vous mariés ?

— On vient du Canada, de Notre-Dame-des-Anges, une paroisse sur la rivière Batiscan, au nord du grand fleuve. On s’est marié à St. Jean DesChaillons, au sud. C’est là que ma femme est morte.

— Ah ! tu as perdu une première femme ? Et quand cela ?

— À la dernière chute des feuilles…

— Tes parents, dit-il à la jeune fille, ont-ils consenti à ton mariage, et savent-ils où te conduit ton mari ?