Aller au contenu

Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
l’affaire sougraine

dire ; moi, je suis ton père… et ne pas pouvoir mettre un baiser sur son front, et ne pas avoir le droit de lui demander une petite place dans son cœur ! tu comprends, c’est affreux cela… Non, non, l’indien ne s’en ira pas ainsi !… Il ne dira rien, il ne fera rien, mais il ne s’en ira pas… Et puis, les deux garçons, tu sais ? il faut qu’on les retrouve eux aussi…

— Je vous l’ai déjà dit, Sougraine, je ne sais pas ce qu’est devenu notre enfant. Je ne l’ai jamais vu… Nous avons pris à l’hospice des sœurs de la charité la jeune fille que vous voyez avec nous.

— Eh bien ! écoute, l’indien ne partira pas, excepté si tu lui donnes encore de l’argent, beaucoup d’argent.

Le mal répugne d’abord à toute personne, quelque perverse qu’elle soit, parce qu’il est de sa nature opposé à Dieu. L’âme est faite pour Dieu et son premier mouvement doit être pour le bien. La lutte s’engage bientôt à cause de notre liberté d’action. Nous succombons souvent parce que nous écoutons nos sens, et c’est par eux que nous sommes vaincus. Les considérations supérieures de l’esprit ne valent pas, aux yeux de la foule grossière, les ivresses de la chair.