Aller au contenu

Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
290
l’affaire sougraine

tant émerveillés l’autre soir, chez monsieur d’Aucheron.

— Monsieur, fit le sioux en saluant, je viens vous dire qu’une jeune fille à laquelle je porte beaucoup d’intérêt, désire épouser un homme qu’elle aime, comme la fleur du nénuphar aime le soleil qui baigne sa corolle. Cette jeune fille vous la connaissez, c’est mademoiselle D’Aucheron… Vous la recherchez vous-même, je le sais, comme le chasseur altéré recherche la fontaine d’eau vive. Elle vous estime et vous respecte sans doute, mais elle ne vous aime point. Je vous supplie d’être généreux et de l’oublier, comme le voyageur oublie l’ombre où il s’est reposé.

— Je ne comprends pas, monsieur, que vous me parliez de la sorte. Êtes-vous envoyé par mademoiselle D’Aucheron ou par quelqu’un de sa famille ?

— Je ne suis l’envoyé de personne et je n’obéis qu’à un sentiment de compassion et d’humanité.

— Alors permettez-moi de vous dire que je suis à un âge où l’on agit d’ordinaire après des réflexions suffisantes.

— Vous êtes à un âge où l’on fait des folies,