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l’affaire sougraine

truire le camp ennemi. Les futurs candidats se montraient d’une politesse exquise envers tout le monde, serraient avec effusion la main de l’ouvrier, saluaient avec le sourire sur la bouche le laitier, le bottier et le regrattier, libres et indépendants électeurs, dont le vote pouvait faire pencher la balance, et le regrattier, le bottier et le laitier, tous gens honnêtes et madrés, se disaient : On a souvent besoin de plus petit que soi…

L’un des plus actifs, des plus polis, des plus affables, des plus populaciers, c’était M. Le Pêcheur. Il entendait bien se faire réélire et garder encore son portefeuille si doux à porter. Il allait de maison en maison solliciter les suffrages. On le recevait bien, mais on se disait à part soi :

— L’on verra. Le scrutin a été donné pour cacher son vote, on s’en servira, du scrutin…

L’adversaire du jeune ministre serait probablement l’employé qu’il avait destitué par économie et remplacé par galanterie. Le peuple est naturellement sensible, honnête, compatissant. Les actes tyranniques ou injustes le révoltent. Il protège les victimes et flagelle les bourreaux. Le peuple inclinait vers monsieur Préchon, la victime. D’autant plus que Préchon avait des capacités, n’était