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l’affaire sougraine

II

Pendant que les cartes d’invitation volaient à leur adresse, Madame D’Aucheron et Mademoiselle Léontine allaient d’un magasin à l’autre. Il faut tant de colifichets, tant d’atours pour passer à travers un bal sans laisser trop de sa toison sous la dent de la médisance. Les amis sont implacables, surtout quand on les fête bien.

— Rendons-nous chez Glover, dit Madame D’Aucheron ; j’aime mieux acheter chez les Anglais ; c’est plus chic

La jeune fille sourit et, de son léger manchon de loutre, protégea contre le froid sa bouche mignonne.

En janvier la brise qui souffle ne fait pas épanouir les fleurs. Elle passe sur d’éternels champs de neige et ne nous apporte ni babil d’oiseaux, ni murmures de ruisseaux, ni frissonnements de feuilles, ni bouffées de parfums. Elle est glacée et ses aiguillons vous fouillent comme des lames de poignards.