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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/321

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l’affaire sougraine

Les jeunes gens sortirent.

Sougraine était trop inquiet pour demeurer plus longtemps dans cette maison ouverte à la foule. Il sentait bien qu’il ne lui restait qu’une chose à faire, disparaître. Il lui en coûtait cependant de laisser le notaire et madame D’Aucheron recueillir seuls le fruit de la partie de chasse. Il décida de se rendre chez Vilbertin pour avoir des nouvelles. Il sortit, la tête basse, mais regardant sournoisement autour de lui pour voir s’il n’y avait rien de suspect. Il suivit les rues les plus désertes. Il rencontra chemin faisant quelques agents de police et, chaque fois, il sentit une sueur perler sur son front, un frisson parcourir tous ses membres. Il était tenté de courir à toutes jambes, au risque de donner l’éveil. Il est si naturel de se sauver quand on a peur. À la tombée de la nuit il entra chez Vilbertin.

Le notaire n’était pas, non plus, d’une gaieté folle. Il voyait clairement maintenant sa coupable sottise. Ses paupières se dessillaient et l’aveuglement qui précède toujours un crime faisait place aux lumières de la raison… Avant la faute on ne voit que les jouissances promises, après, l’on suppute avec amertume ce qu’elles nous coûtent.