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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/326

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l’affaire sougraine

— Comment madame D’Aucheron sait-elle cela ? Comment ? Parlez, mais parlez donc !

Et Vilbertin, suffoqué, frappait du pied, se tordait les bras.

Voilà le fond de l’affaire… on te racontera tout, puisque l’on part pour ne plus revenir. Tu n’en diras mot à personne… Tu vas comprendre pourquoi l’indien avait de l’influence sur madame d’Aucheron… comme tu as compris pourquoi la Longue chevelure était son maître à lui l’indien. Madame D’Aucheron, c’est Elmire Audet, la jeune fille que j’avais enlevée…

Le notaire faillit tomber à la renverse. Il se passait la main sur le front comme pour en enlever des nuages qui obscurcissaient ses idées.

— Est-ce possible ? murmurait-il, est-ce possible ? Maudite destinée ! Enfer ! démon !

Tu comprends, on lui disait : fais ceci, fais cela et elle faisait comme on lui disait. Donne notre fille à monsieur le ministre, donne-la plutôt à monsieur le notaire, ou à M. Rodolphe… sinon on te dénoncera… et tu seras perdue… Et la jeune fille passait de l’un à l’autre. La peur du scandale de la honte, c’est fort cela… Comprends-tu ?