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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/342

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l’affaire sougraine

Celui qui disait cela montrait, de la main, l’endroit s’était réfugié l’abénaqui.

La troupe se dirigea vers l’arbre tombé. Sougraine ne pouvait pas fuir sans être vu. Les gens s’étaient mis au pas de course, à qui arriverait le premier.

Un moment il perdit la tête, demeura immobile, les yeux fixés sur ces hommes qui le traquaient, comme le charmeur qui regarde le serpent pour le désarmer. L’instinct de la conservation lui revenant tout à coup, il ôta ses raquettes et se fourra sous le tronc, passant à travers les branches que la neige n’avait pas entièrement recouvertes.

— On est mieux ici que sur la glace, observa l’un des chasseurs d’hommes, en s’asseyant sur un tronc d’arbre pourri.

— Il y a des pistes, observa un autre. Notre individu a dû passer par ici.

— Nous ne sommes pas loin du chantier, ajouta un troisième.

Le fugitif blotti dans la neige, ramassé sur lui-même, tremblant, retenant son haleine, éprouvait des tourments qui lui semblaient longs comme l’éternité. Il se demandait s’ils ne partiraient pas bientôt ; s’ils allaient passer la nuit là. Il devait