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l’affaire sougraine

Baptiste Lanouette en a tué un pas bien loin d’ici, l’hiver dernier.

Un nouveau grognement sortit du repaire et tous s’éloignèrent subitement.

— Sougraine aussi sortit de son gîte ! L’ours poussa un cri féroce mais n’osa pas le suivre. Ces animaux-là ne marchent guère sur la neige molle. Ils s’enferment l’automne dans un arbre creux ou se cachent sous un tas de branches, d’où ils ne sortent que le printemps pour se mettre en quête de leur nourriture.

Quand l’obscurité fut assez épaisse, Sougraine prit le chemin des habitations, marchant d’abord avec peine à cause de l’engourdissement de ses pieds, et titubant comme un homme ivre. La nuit était avancée quand il arriva aux premières maisons. Tout reposait dans un calme profond, seul le cœur troublé du malheureux fugitif s’agitait convulsivement dans cette paix universelle.