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l’affaire sougraine

certaine, c’est que le père Duplessis, tout à son idée de charité, avait mis ses pauvres dans la balance. Personne ne songeait à chercher là la raison du triomphe de l’hon. ministre. Le vieux professeur se donna garde de l’oublier, lui, et il écrivit un petit mot à son noble obligé pour lui rappeler ses engagements. Le Pêcheur jeta la note au panier.

Serait-il convenable d’intervenir pour arrêter les fins de la justice, raisonnait-il ? N’y avait-il pas là une question sociale de la plus haute importance ? Comment un homme honnête et intelligent comme le père Duplessis n’avait-il pas songé à cela ? Il est vrai, d’un autre côté, que l’offense était ancienne, douteuse même. Si l’abénaqui eut été seul à jouir de l’impunité, passe encore… Mais cette femme, madame D’Aucheron, volait sa haute réputation et les hommages des honnêtes gens. C’était une injustice envers la société de Québec. On lui serait reconnaissant, à lui le ministre, s’il remettait chacun à sa place, comme cela doit être. Il était l’élu du peuple, il devait protéger le peuple contre la supercherie et la fraude. On attendait cela de son esprit impartial.

Il répondit à monsieur Duplessis qu’il s’occupait de l’affaire. C’était vrai, mais pas dans le sens que le voulait le professeur. Il avait un dernier espoir,