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l’affaire sougraine

dans l’humble maison et les pleurs coulèrent, coulèrent sans jamais cesser. Aujourd’hui encore, sous le même toit solitaire de la chaumière de Notre-Dame-des-Anges, une vieille femme qui n’a pas voulu être consolée, verse des larmes sur la perte de sa fille chérie.

Un indien était venu dresser sa tente au bord de la rivière, non loin de la calme demeure des Audet. Cet homme demi-sauvage avait une femme et des enfants ; mais il vit la jeune fille canadienne et fut troublé jusqu’au fond de son âme. Il se laissa bercer par des rêves de volupté, ne trouva plus de charmes à la femme qu’il avait choisie pour compagne, ne fut pas ému des angoisses qu’il préparait à une mère pleine de sollicitude, et, dans son fol amour, il abusa de la confiance naïve de l’enfant, lui fit oublier ses devoirs et sa famille, et, repliant sa tente il partit pour d’autres lieux. Elmire Audet le suivait.

Cependant la femme trahie était restée comme une esclave auprès de l’homme infidèle. C’était sans doute l’amour de ses enfants qui l’enchaînait encore au malheureux. Les jours pour elle s’écoulaient dans l’amertume. Quelquefois, lasse de supporter tant de hontes et d’ignominies elle se révoltait et alors des querelles sérieuses surve-