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l’affaire sougraine

comment il le sauva lui et sa jeune amie des flammes de la prairie, et les emmena dans son wigwam, au milieu des montagnes. Il répéta les questions qu’il leur adressa, alors et les réponses qu’ils lui firent. L’accusé lui avait affirmé que sa femme était morte d’un hérésypèle, à St. Jean Deschaillons, et qu’elle était enterrée dans le cimetière de la paroisse ; qu’il était marié avec cette jeune fille et ne voulait point s’en séparer ; que cependant il avait fini par avouer que le mariage n’avait pas été célébré encore et que la jeune fille était sa maîtresse. Alors dit le témoin, je lui défendis de vivre plus longtemps avec elle, et je pris la résolution de renvoyer la jeune fille dans son pays, dès qu’il se présenterait une occasion. L’accusé se montra soumis. Des voyageurs canadiens passèrent vers le même temps et je leur confiai la jeune fille. Ma femme aussi partit alors avec une jeune enfant…

La voix du sioux trembla légèrement. On vit qu’il faisait un effort pour refouler une émotion profonde. Il s’interrompit un moment et baissa la tête comme pour se recueillir. Il reprit ensuite.

— Les malheurs qui suivirent ne regardent que moi, ce n’est point le lieu de les répéter ici. Je