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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/411

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l’affaire sougraine

— Pourquoi, disait-il, pourquoi peindre sous des couleurs si terribles l’infortuné que voici ? Il montrait Sougraine. Pourquoi lui prêter une malice qu’il n’eut jamais et des intentions dont le Seigneur seul peut connaître la droiture ou la perversité ?… Qu’il se soit fait aimer d’une jeune fille, et que cette infortunée, dans son aveuglement fatal, ait poussé la folie jusqu’à déserter le foyer paternel et s’enfuir, avec lui, en pays étranger, c’est possible, c’est vrai, mais cela ne prouve nullement qu’il soit un assassin. On prétend que la femme délaissée le gênait. On le prétend mais on ne le prouve pas. C’est elle-même, cette femme que l’on veut faire passer pour une victime touchante, c’est elle-même qui pria la jeune Elmire de venir demeurer sous la tente de son mari.

Mais voyons donc ce qu’était la défunte elle-même, voyons ce qu’elle faisait, ce qu’elle disait et déduisons en les conséquences naturelles. La logique n’est pas à dédaigner. Cette femme était adonnée à l’ivrognerie, le plus odieux des vices et celui qui mène le plus souvent à la mort tragique et subite. Elle était grande, fortement constituée, d’une humeur maussade et querelleuse. Elle ne craignait pas de provoquer la colère de son mari et savait se défendre de lui. Ne l’a-t-elle