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l’affaire sougraine

coureuse de sauvages. Il triomphait de cet effondrement pitoyable de la famille D’Aucheron ; il allait édifier son bonheur sur ces ruines qu’il avait désirées.

Il frémissait, et ses lèvres charnues jetaient des souffles de feu…

— Dès qu’ils apprirent le malheur qui était venu fondre sur Léontine, leur amie, Rodolphe et sa cousine se hâtèrent d’accourir. L’entrevue fut des plus touchantes et des plus douloureuses. Les deux jeunes fiancés, dans cette immense affliction, ressentirent le besoin de se rapprocher davantage, de s’unir plus intimement. Quand l’ouragan se déchaîne sur la prairie, les petits oiseaux cherchent un refuge dans l’arbre voisin et se serrent l’un contre l’autre, sur la branche feuillue que le souffle impétueux agite et dépouille.

Vilbertin tout à sa passion, fit de nouvelles ouvertures à son ami D’Aucheron. Mais celui-ci, depuis qu’il s’était agenouillé dans l’église, sous la main de Dieu qui le châtiait, ne voyait plus le monde comme auparavant. Toute chose lui paraissait vaine et rien ne le touchait plus. Il se reposait dans l’indifférence, en attendant peut-être qu’il se lançât avec une nouvelle ardeur dans une autre direction.