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l’affaire sougraine

qu’elle connaissait. Elle était plus belle encore avec sa capeline blanche et sa robe de bure. Ses yeux toujours baissés ne laissaient guère apercevoir la rougeur que les pleurs avaient laissée après la perte de son bonheur. Elle dût avouer que madame D’Aucheron, un jour, avait fait comprendre à Sougraine qu’elle, Léontine, était leur fille à tous les deux.

Après cet important témoignage, on crut que Sougraine avait gagné sa cause.

Un vieux prêtre d’une paroisse éloignée se présenta alors devant le juge.

— J’ai vu par les journaux, dit-il, que l’on serait heureux d’avoir des renseignements sur un enfant né l’on ne sait où, d’une fille nommée Elmire Audet, il y a vingt trois ans. J’ai baptisé un enfant dont la mère portait ce nom, et dont le père était un indien du nom de Sougraine. Voici le registre.

Il y eut un grand murmure de surprise dans le palais d’audience.

Le vieux prêtre fut assermenté comme témoin et l’extrait de baptême fut alors lu comme suit :

Nous soussigné prêtre, curé de la paroisse de St. Jean d’Iberville avons ce jourd’hui, le 5 juillet 18… baptisé un enfant du sexe masculin, né le