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l’affaire sougraine

— Alors, vite, que cela finisse. Puisque le calice ne peut s’éloigner de moi, je le boirai.

Le jeune ministre passait vite d’un sentiment à un autre. Il était mobile comme une vague, malin comme un diable, capricieux comme un lutin. Il se rendit chez D’Aucheron pendant que son père adoptif se dirigeait vers le palais de justice. Il prenait les devants. Il dit en riant, à tous ceux qu’il rencontra, le secret qui lui faisait tant de mal. Personne ne voulut le croire. Il était anxieux de voir sa mère. Il regrettait bien d’avoir été dur à son égard et de s’être réjoui de son humiliation. La faute retombait sur sa tête. Il est toujours mal de se réjouir des malheurs des autres. On ne sait pas ce qui nous attend. S’il avait su qu’elle était sa mère, il se serait, mis entre elle et la main brutale du destin. Le soufflet n’eut pas été pour elle. Enfin, il était trop tard et toutes les réflexions, tous les regrets, tous les reproches ne serviraient de rien.

Madame D’Aucheron le reconnut. Elle se portait beaucoup mieux ; la crise était passée et le danger d’une folie irrémédiable s’éloignait de plus en plus. Ceci avait lieu pendant le procès même, le dernier jour, au moment où le père Pêcheur