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l’affaire sougraine

Leroyer se prit à trembler comme s’il eut été saisi de frayeur. C’était la joie et l’espérance.

— Vous le savez, continua madame Villor, je suis la sœur de Léon Houde, l’un des voyageurs que vous avez autrefois arrachés à la mort. Il fut blessé en défendant votre femme. Les sauvages jetèrent votre petite fille dans un torrent et lui, malgré leurs clameurs et leurs flèches, il se précipita et réussit à la sauver. Il l’apporta à son foyer. Il y avait une somme considérable dans les langes de l’enfant ; il confia cette somme à un notaire de ses amis, pour qu’il la fît fructifier. Elle fut perdue. Mon frère mourut peu de temps après et sa femme le suivit aussitôt dans la tombe. La petite fille fut envoyée dans un hospice. Ce fut le docteur Grenier, un ami de mon défunt mari, qui se chargea de la conduire à Québec et de la mettre entre les mains des sœurs de la Charité. C’est-à-dire non, ce n’est pas lui-même qui la porta chez les Sœurs, mais un de ses parents, un homme de la plus haute respectabilité, m’a-t-il assuré, alors, en toute franchise. Sachant la petite dans un couvent, sous l’œil des bonnes sœurs et de Dieu, je n’ai plus eu d’inquiétudes à son sujet, et,… je dois l’avouer, je ne m’en suis pas occupée