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l’affaire sougraine

Et sa figure honnête s’illuminait des rayons de l’espoir.

La Longue chevelure éprouvait des tressaillements indicibles et s’enivrait de ses paroles comme d’une liqueur généreuse.

— Le docteur Grenier, de Lotbinière, reprit le vieillard, en regardant profondément dans le passé, c’est à moi qu’il a confié une petite fille… oui ; c’est à moi…

— À vous ? s’écrièrent les visiteurs au comble de l’étonnement.

— À moi-même, oui, il y a bien vingt et un ou vingt-deux ans de cela… Grenier, c’était mon cousin. J’ai porté la petite, le même jour, chez les Sœurs de la Charité… Je n’ai seulement pas demandé d’où elle venait… Grenier l’apportait, c’était suffisant… Il est bon d’être un peu curieux parfois… La curiosité n’est pas toujours un défaut.

De terribles émotions bouleversaient l’âme de la Longue chevelure pendant ces paroles du vieux professeur.

— Allons vite à l’hospice de la charité, s’écria-t-il, allons vite…

— Sans doute qu’on y va courir, répliqua le