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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/62

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l’affaire sougraine

Mademoiselle Léontine se promenait avec Ida Villor. Elle dit tout à coup à demi-voix et ne croyant pas être entendue :

— C’est lui.

Elle regardait un joli garçon qui passait près d’elle avec quelques amis.

Le jeune homme surprit son regard et saisit ses paroles. Il dit à ses compagnons, assez haut pour qu’elle l’entendît :

— C’est elle.

Il voulait faire une boutade, rien de plus.

On passa. À la rencontre suivante, Rodolphe — c’était lui — risqua un salut qui lui fut gracieusement rendu. À la troisième promenade, il brûla ses vaisseaux. Il prit un ton badin. Le badinage est souvent un excellent moyen de commencer un affaire sérieuse :

— Puisque c’est vous, mademoiselle et puisque c’est moi, voulez-vous que nous marchions ensemble ? La foule est difficile à percer ; je vous aiderai à vous frayer un chemin.

— Vous êtes bien aimable, monsieur. D’après ce qu’il m’a été donné de voir aujourd’hui, les difficultés ne vous découragent point, et vous pou-