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l’affaire sougraine

Madame D’Aucheron resta court une fois de plus. Elle ne put résister au mouvement qui la poussait, se leva, courut plutôt qu’elle ne marcha, les mains tendues vers le jeune ministre…

— Comme vous êtes aimable de nous honorer ainsi de votre présence ! s’écria-t-elle.

— Oui, oui, mon cher Le Pêcheur, que vous êtes aimable ! répéta D’Aucheron qui s’était avancé en même temps.

— Tout l’honneur est pour moi, mes chers amis, croyez-le, répondit le jeune ministre.

— Permettez-moi de vous présenter ma fille adoptive, demanda madame D’Aucheron.

— Il me tarde d’offrir mes hommages à mademoiselle Léontine.

Léontine causait avec les jeunes dames qui venaient d’entrer. Elle s’interrompit et salua froidement l’honorable personnage qui s’inclinait jusqu’à terre, comme un huissier de la verge noire, aux jours de gala.

— Elle est intimidée, pensa le ministre. Ces gens-là croient que nous ne sommes point des êtres ordinaires. À leurs yeux nous sommes des divinités. S’ils savaient !…