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Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/114

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PICOUNOC LE MAUDIT.

déshonneur. Il s’appuya contre la clôture, et ses yeux, regardant à travers les branches noires, se fixèrent sur les auteurs de son supplice qui s’approchaient comme deux ombres.

Picounoc avait dit à sa femme :

— Il faut jouer un tour à Djos. Tu sais comme il est jaloux et comme la jalousie le rend ridicule. J’ai un moyen de le guérir. Je lui ai dit que j’avais un rendez-vous, ce soir, avec Noémie, dans le jardin. Il m’a cru sur parole, et, bien que Noémie soit à l’église, il s’attend à la voir venir sous les pommiers, se faire conter fleurette. Il est là qui épie, avec des yeux ardents, le moment de notre arrivée. Il s’est préparé comme un curé la veille d’une grande fête, et veut lui faire un sermon comme elle n’en a jamais entendu, sur les devoirs de la femme, et les suites funestes de l’amour. Viens, et, quand il sera au plus beau de son zèle, tu te feras connaître… Ça sera drôle de voir la figure qu’il fera ; jamais jaloux n’aura été mieux pris. Et puis j’ai un cadeau à te faire… un beau châle pareil à celui de Noémie.

— Un beau châle ? Montre donc !