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Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/178

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PICOUNOC LE MAUDIT.

reprit l’ex-élève ; cela m’échappe encore parfois dans les grandes circonstances. Je ne savais pas que je prononçais votre nom. Vous vous appelez donc Félix ?

— Félix Rivard, pour vous obéir.

Vous êtes donc un savant, vous l’ami ? demanda le premier des trappeurs avec une indifférence mal dissimulée.

— J’ai été au séminaire de Québec, dans mon enfance…

— Au séminaire de Québec !… Et après ?

— Après ! dans les chantiers de la Gatineau.

Une émotion extraordinaire s’empara du chef des coureurs, une sueur froide perla sur ses tempes qu’il essuya du revers de sa main, et ses yeux se fixèrent avec une attention, extrême sur le nouveau chasseur.

— J’ai faim, dit l’ex-élève, avez-vous quelque gibier à me mettre sous la dent ?

— Une perdrix, deux perdrix même, que Félix vient de tuer.

— Heureuses perdrix ! heureux coup de fusil qui m’a éveillé et me donne trois braves compagnons pour remplacer celui que je viens de perdre.