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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Marguerite, votre père !… Je ne vous en dis pas davantage. Mais vous le verrez à vos genoux, s’il le faut, pour vous supplier de me donner votre main. Et, si vous refusez, vous l’avez dit : tant pis pour lui… et pour vous !

— Que voulez-vous dire, Monsieur ?

— Que vous viendrez à moi quand vous m’aurez défendu d’aller à vous.

— Moi !

— Voulez-vous revenir chez-vous ?

— Non, Monsieur, pas à présent.

— C’est bien ! au revoir.

Le bossu tourna les talons ; il était furieux. Marguerite se rendit chez Noémie. Elle était comme abasourdie par la menace mystérieuse du bossu, mais peu à peu, dans la douce intimité de Victor, elle oublia le fâcheux prétendant. Ce fut le rayon du soleil après le grondement du tonnerre.

Picounoc et le bossu causèrent longtemps. Picounoc dit : Il faut que je fasse accroire à Victor qu’il aura Marguerite, sinon, il se fâche et me fait perdre le fruit de vingt ans de travail. Tu comprends ? sa mère en raffole et passe par toutes ses fantaisies. Depuis qu’il