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Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/250

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PICOUNOC LE MAUDIT.

que d’une somme assez mince, et les voleurs firent comprendre, par le désordre qu’ils laissèrent derrière eux, que leur avidité n’avait pas été aussi heureuse que grande. Le bossu ne gardait chez lui que peu d’argent : il prêtait, comme je l’ai dit, à courte échéance et à gros intérêts. Quelque fois aussi il prêtait à long terme, mais il n’y perdait rien, et c’était quand un motif étranger s’ajoutait à l’avarice, son motif habituel. Ainsi, à la demande de Picounoc, dont il aimait la fille Marguerite, il avait avancé à la veuve Letellier tout l’argent nécessaire pour payer l’instruction de son enfant.

Picounoc ne ressentit pas de chagrin du petit malheur arrivé à son ami ; d’abord parcequ’il se réjouissait ordinairement des adversités des autres, et, ensuite, parceque le bossu trouverait là un prétexte de plus pour faire vendre la terre de Noémie.

Robert et Charlot étaient descendus à Québec, car on se cache plus facilement à la ville qu’à la campagne : la foule est discrète comme la solitude. Ils longent le côté nord de la rue Champlain et se dirigent vers une maison à deux étages, sale et moussue, où mes lec-