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Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/287

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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Et ils sont arrêtés ?

— Pas encore, mais ils le seront ; je sais où les prendre ; je connais leur cachette.

— Vraiment !

— Robert et Charlot sont les plus anciennes pratiques de la mère Labourique.

— La mère Labourique ! exclama le jeune avocat, la mère Labourique, je connais ça ! J’ai voulu voir de mes yeux le sale tripot dont j’ai tant de fois entendu parler. C’est là qu’autrefois une trame infâme avait été ourdie contre mon père, jeune encore, et sans expérience. Toute une société de brigands tenait là ses quartiers généraux et décrétait ses arrêts de mort contre ceux qui lui portaient ombrage. Mais mon père, grâce à Dieu, avait fini par triompher de ces misérables. L’un d’eux, s’il vit encore, doit se souvenir d’un coup de rame qui fit sa marque, un autre perdit un pied, un autre, le plus puni de tous…

Il s’arrêta soudain, et rougit comme un homme qui vient de dire une chose insensée. Il est maladroit de parler de corde dans la maison d’un pendu. Le jeune avocat s’efforça de racheter son imprudence en disant :